C’est l’histoire de Marie, jeune femme dysphasique. Elle se sent dans sa langue, le français, comme dans une langue totalement étrangère. Alors, elle reste en panne sur le bord des autoroutes de la communication.
Au fil de ses rencontres, nous comprenons combien ce langage défectueux creuse entre elle et le monde un fossé difficilement franchissable.
Car au-delà de l’anormalité, blessure ressentie depuis l’enfance, d’autres obstacles menacent de l’isoler encore davantage : son propre enfant dont on la prive, le chômage, l’alcool dont elle abuse, et, tapie derrière l’agressivité, la fierté, et le refus de la pitié, une immense soif d’amour.
LA COULEUR DES MOTS raconte vingt-quatre heures de la vie de Marie.
Ce film n’est pas un film sur la dysphasie. C’est un film sur un personnage qui a plusieurs caractéristiques, dont le fait d’être dysphasique.
Ce film n’est pas un documentaire, ni une démonstration. Ce film est une fiction. Il est le fruit de nos observations sur les enfants dysphasiques et notre fils Théo en particulier, mais c’est aussi une création subjective. Je ne connais pas de dysphasique trentenaire. Personne, autour de moi, pas même les logopèdes ou orthophonistes spécialisées en dysphasie, ne connaissent de dysphasiques alcooliques.
Puisque ce film est subjectif et que je suis un parent d’enfant dysphasique, ce film est, très logiquement, le catalogue des angoisses d’un parent face à son enfant dysphasique : quel sera son futur ? Et s’il devenait alcoolique ou drogué ? Et si nous mourions ? Et s’il perdait son travail ? Et s’il divorçait ?
Ce que me répond le film, à toutes ces questions, c’est : faites confiance à la force de votre enfant...
Philippe Blasband